4 leçons apprises après mes 100 premiers jours de voyage.

Je suis une entrepreneure. 

Après 100 jours et plus de 25 milles kilomètres parcourus, je me trouve actuellement en Thaïlande. C’est fascinant, car je suis de retour au point de départ. C’est ici que
j’ai pris la décision de partir à l’aventure et de devenir nomade. Même si cette idée germe en moi depuis longtemps, c’est en Thaïlande que j’ai choisi de suivre mes envies. J’ai compris que si je voulais me lancer, je devais poser des actions concrètes. En juillet 2022, en revenant de vacances, j’ai annoncé à tout le monde que je repartais pour un long moment et pour être honnête, je n’y croyais pas moi-même. Ma bouche parlait plus vite que ma tête. Après 20 heures en vol et 12 heures de décalage horaire, mon patron avait opté pour le bon moment, pour me fixer une rencontre, afin de discuter de mon plan de carrière ! En me demandant, où je me voyais dans une année. Je n’ai pas joué le jeu. Je lui ai répondu : pas ici, c’est certain ! L’idée d’être entrepreneure a constamment existé en moi. J’ai vendu des chocolats et des bonbons tout au long de mon primaire, pour payer mes activités sportives. Au secondaire, j’ai fait partie des jeunes entrepreneurs, un organisme faisant la promotion de l’entrepreneuriat pour les jeunes. On confectionnait des boites décoratives en bois avec des fleurs séchées. Ensuite, j’ai toujours travaillé comme pigiste à temps partiel. Bref, après cette rétrospective, j’ai compris que j’ai toujours eu cette fibre en moi et que c’est la seule voie que j’avais vraiment envie de suivre. 

Voyager, c’est épuisant. 

Les 100 premiers jours de mon périple ont été beaucoup plus exténuants que je ne l’aurais cru. Avec un ami voyageur, on se le dit souvent en riant, « On ne se plaindra pas, mais il faut se le dire, c’est fatigant voyager ! » Vivre dans ses valises, s’adapter à un nouveau lit. Se rendre compte que tout prend un peu plus de temps, planifier ses transports, s’installer pour travailler, toujours en train de chercher un truc qui se trouve finalement dans le fond d’un sac. Sans parler des rencontres inattendues, des soirées qu’on voudrait éternelles, des activités et des visites que l’on ne voudrait surtout pas manquées. Deuxième leçon, « le Slow Travel, » j’y crois ! Rester plus longtemps à la même place, m’offre l’occasion de me poser, de m’adapter à un nouvel environnement, de savourer un moment, de m’organiser, de prendre plus de périodes pour travailler et me reposer. 

Garder le focus. 

Voyager c’est aller à la rencontre de l’autre. C’est créer des liens de façon intensive, tout en sachant que ces liens se briseront rapidement, quand chacun poursuivra sa route. Voyager, c’est l’occasion d’observer les détails d’un lieu et d’en garder en mémoire que le beau. Voyager, c’est apprécier le changement constant et essayer le plus possible de vivre dans le moment présent. Mais comment profiter de tous ces instants fabuleux si l’on est désorganisé ? C’est tellement facile de procrastiner, de trouver des excuses et de se rendre compte que nous ne sommes pas productifs du tout. On se doit de se faire un plan global et de garder le focus sur nos buts, et d’établir une routine, d’élaborer un horaire de travail. Apprendre à dire non est important et apprécier ses moments de solitudes aussi. Troisième leçon, si l’on ne prend pas notre travail de freelance au sérieux, on ne pourra pas rester nomade digital très longtemps ! 

Rien de mieux que de décrocher de l’actualité au quotidien. 

S’informer c’est crucial et le faire de différentes sources est primordial. S’éduquer et s’intéresser au monde qui nous entoure, c’est la clef pour garder une pensée critique et développer sa propre opinion face à notre société. Mais regarder les nouvelles internationales à chaque instant est nocif. D’abord pour notre santé mentale, parce que l’on nous annonce seulement des choses tristes et aussi pour notre ouverture envers le reste de la planète. Le but des médias reste d’obtenir le plus grand nombre de cotes d’écoute possible. Ils montrent souvent l’actualité de façon excessive. Les mêmes images bouleversantes présentées 24 h sur 24 h. Des images prises, parfois hors contexte, pour faire du sensationnalisme. Des entrevues sans contenu, pour faire mousser un évènement banal. Je ne dis pas que rien n’est aussi grave qu’on le dit en ce moment dans le monde. Nous vivons une période de grandes crises. Guerres, changements climatiques, pauvreté, pandémie, tout ça n’a rien de glorieux et on doit s’en inquiéter. Mais regarder les mêmes nouvelles sur son téléphone ou à la télé, jour après jour, peut nous refermer sur nous-mêmes, créer des peurs inutiles ou nous empêcher de s’ouvrir sur les autres. Quand j’ai voyagé aux frontières de l’Ukraine, j’avais des craintes et je me suis rendu compte que partout, les gens veulent la même chose. Se tricoter un cocon familial sécuritaire, pouvoir se nourrir à sa faim et avoir le droit de se divertir à sa façon. J’ai rencontré un voyageur qui revenait de Kiev et il me racontait que les gens continuaient leur vie, malgré le fait que la guerre détruisait la ville. Avant de partir au Sri Lanka, je me sentais craintive, j’ai tellement lu de ne pas m’y rendre. Le peuple sri lankais est l’un des plus gentils que j’ai rencontré. Un chauffeur de taxi m’a dit « Nous ne nous battrons pas entre nous pour de la nourriture ! Ici, nous possédons tout pour subvenir à nos besoins, les fruits et les légumes poussent, nous pêchons le poisson à volonté. Bien sûr que les prix des produits ont triplé, mais nous ne manquerons jamais de l’essentiel. » Le tourisme a énormément chuté et c’est dramatique, parce que ça n’aide pas du tout à améliorer la crise. Jamais je ne me suis sentie plus en sécurité qu’au Sri Lanka. Quatrième leçon, aller à la rencontre de l’autre est la meilleure façon non seulement d’en apprendre plus sur ses peurs, ses envies et ses besoins, mais également de mieux comprendre les nôtres.

Un rêve qui se réalise…

J’ai toujours eu une fascination pour les mandalas. Ce mot, qui désigne un cercle, est composé des termes « manda », signifiant « essence », et « la » qui veut dire « contenant ». Il vient du sanskrit, un langage ancien et sacré, parmi les langues indo-européennes les plus vieilles, plus encore que le latin et le grec. Il est employé notamment comme langage liturgique de l’hindouisme ou du bouddhisme. Il est également le dialecte du yoga.

Les mandalas sont utilisés de multiple façon et dans diverses religions. Dans le bouddhisme, par exemple, ils représentent la symbolique de l’univers avec son centre et son expansion. Il sert de support à la méditation et il facilite la concentration. Traditionnellement, les mandalas sont conçus avec du sable de différentes couleurs par des moines. C’est un travail extrêmement minutieux qui peut demander des semaines, voir des mois à mettre en place ! Pourquoi donc les faire en sable ? Le Dalaï-Lama a imaginé un modèle très complexe pour promouvoir la paix dans le monde. Lorsqu’il est en visite quelque part, un mandala de sable est préparé et offert aux hôtes de l’évènement. À la fin de celui-ci, il est simplement détruit et le sable est recueilli, puis jeté à la rivière pour rappeler que tout est éphémère, comme la vie elle-même. Peu importe nos accomplissements, nos envies et nos tracas, nous retournerons tous en poussière à la terre.

Mise à part leur utilité, ce sont aussi des œuvres d’art incroyable ! J’aime me plonger dans les détails d’une toile et ces peintures sont pour moi, le reflet de la perfection. Les thèmes abordés aujourd’hui par les mandalas peuvent être modifiés à l’infini. Bien qu’habituellement, ils ont des significations bien précises, soit le sacré et les divinités. Représentant le feu, l’eau, le vent, la chance et bien d’autres éléments spécifiques, ils sont à présent adaptés à la vie moderne et ils peuvent être conçus sans limites à l’imagination ! Leur coloriage, de plus en plus populaire, aide à se connecter au moment présent, à se détendre, à réduire le stress, à lâcher prise et à prendre un moment pour soi.

On remonte à 2016, où je cherchais un endroit pour recevoir une formation de création de mandalas. J’en apprends un peu plus sur cet art puissant et me retrouve donc, sur le site web du plus vieil institut de peinture tangka au Népal et j’en suis renversée ! Depuis, l’idée a germée en moi de me rendre à cet endroit, pour en savoir plus. À l’époque, je crois que c’est un rêve trop grand et trop fou pour moi ! En 2020, je prends quand même la chance d’écrire à l’établissement d’enseignement pour avoir de plus amples informations.

Avec mes projets entrepreneuriaux florissants, en 2022, je décide que ce n’est plus un fantasme inaccessible, mais un but et même une destination. Je recontacte l’école pour connaître les détails sur les formations proposées. Ça tombe bien, en plus des cursus classiques, qui s’échelonnent sur plusieurs années, ils offrent aux touristes des ateliers qui peuvent durer quelques heures ou quelques journées, à leur convenance. On peut y apprendre comment dessiner une tête de Bouddha avec les proportions acceptables ou reproduire un mandala traditionnel.

La suite dépasse toute espérance. Pendant mon séjour à Bhaktapur, j’ai été prise sous l’aile protectrice de Dorje lama, un moine tibétain adorable, qui m’a guidée, bien que l’on ne parlait pas la même langue. À travers les jours, j’ai pu concevoir un mandala traditionnel, mais avec ma touche rebelle évidemment ! J’ai trouvé le processus très ardu et ça m’a donné l’humilité de comprendre qu’il fallait énormément de pratique pour arriver à de bons résultats. J’ai été accueillie avec tellement d’amour et de bienveillance par toute l’équipe que cette expérience sera gravée dans mon cœur à tout jamais !

L’influence de la lune dans notre pratique du yoga.

Dans la tradition de l’Ashtanga Yoga, la pratique des asanas (postures) se fait au rythme du cycle lunaire. Les jours de nouvelle et de pleine lune sont des jours de repos. En s’accordant avec les phases de la lune, qui ont une influence sur les marées certes, mais également sur nos corps, entre autres sur notre cycle féminin, on améliore l’harmonie entre notre mental et notre physique. Ces jours de repos favorisent une reconnexion vers soi.

Adapter sa pratique de yoga avec le cycle de la lune permet de se reconnecter avec la nature et de mieux appréhender ces fluctuations d’énergies.

En yoga, la pleine lune correspond à la fin de l’inspiration. Elle procure un apport énergétique et un feu intérieur puissant, mais elle peut créer une perte d’ancrage et un déséquilibre émotionnel. La nouvelle lune, qui elle, est associée à la fin de l’expiration, provoque une énergie plus calme et plus douce sur le corps, mais elle peut créer, au contraire, une fatigue corporelle et une certaine léthargie.

Split, Croatie

Split, la magnifique. Tu as été pour moi une bulle de bonheur. Facilement accessible par bus de Zagreb, ta vieille ville se parcourt aisément à pied ou à moto. Avec plus de dix-sept siècles d’histoire, ton palais, le Palais de Dioclétien, trône au centre d’une ville remplie de charme.

Ta vue sur la mer Adriatique m’a instantanément apaisée. Depuis la forteresse de Klis, tes couchers de soleil, qui se perdent vers l’horizon, sont à couper le souffle. Tes nuits festives, où le vin coule à flots, sont source de grandes joies.

De Split, j’ai appris que prendre des risques et foncer vers l’inconnu peut mener à de belles aventures et de belles rencontres.

Voici ce que l’Ashtanga Yoga fait pour moi.

Pratiquement tous les jours, je me retrouve sur mon tapis. C’est le moment où
je m’ancre, où je retrouve le centre de mon équilibre.

L’Ashtanga permet de partir à la découverte de qui je suis vraiment. Je crois que cette pratique détient la clé de la redécouverte de soi. Au fil du temps, elle porte un regard révélateur, elle m’aide à mieux me connaître et à mieux comprendre qui je suis.

Être Ashtangi, c’est la capacité de pouvoir s’observer de l’extérieur. Cela m’amène à admettre, que je ne peux pas tout contrôler et tranquillement, je remarque que ma façon de réagir aux évènements, s’adoucie avec le temps.

L’Ashtanga yoga me permet d’aspirer à vivre une existence en pleine conscience.
Il contribue au renforcement de mes réflexions et me donne le pouvoir de les accueillir avec une lucidité détachée. À force d’assiduité, j’arrive à comprendre que mes pensées limitantes peuvent créer leur propre réalité et qu’il est facile d’avoir des appréhensions face à cet avenir incertain. Cette prise de conscience n’est pas suffisante, il faut pousser plus loin la volonté d’agir. En fait, seules les actions mènent aux changements. En me retrouvant sur le tapis, jour après jour, je commence à percevoir le moment présent et je tente de rester concentré sur lui. Lorsqu’il est difficile de respirer dans une posture complexe, j’ai la sensation, à ce moment précis, d’avoir la liberté d’être exactement ce que je suis, sans mascarade.

Être Ashtangi, c’est aller à l’encontre des normes établies, s’éloigner des croyances populaires. Ne pas me limiter à ce que la société m’impose ce à quoi je devrais ressembler, ou ce que je devrais faire de ma vie. Ne pas me contraindre à ce que les autres pourraient attendre de moi. Je conteste le statu quo et je tente de trouver et de suivre mon propre chemin, au risque de blesser ou de déplaire.

Yoga signifie union. L’union avec soi-même. Il favorise l’unité entre ce que je suis à l’intérieur et ce que je projette à l’extérieur, l’accord intrinsèque entre mon corps et mon âme. C’est la connexion à soi que l’on oublie trop souvent, mais le yoga a la puissance de ramener directement vers l’intérieur.

La vie nous apprend que notre seule véritable possession, c’est nous-mêmes et cette prise de conscience peut nous aider à trouver des astuces sur la façon de mieux gérer nos relations et tenter d’être une meilleure version de nous-même. Grâce au yoga, je réalise que je suis libre et suffisante telle que je suis. Je peux alors devenir confiante dans ma solitude.

En étant une Ashtangi, mes habitudes n’ont pas changé, je fais la même chose qu’avant. Je travaille fort, je sors avec mes ami.e.s., j’approfondie mes passions.
Je peux pratiquer sans artifices. Ce n’est pas requis, de porter les dernières tenues à la mode. Ce n’est pas exigé d’idolâtrer des gourous et de se perdre dans leur vérité. Ce n’est pas nécessaire de s’exposer sur les réseaux sociaux en mimant des postures parfaites. Ce n’est pas nécessaire de devenir professeur de yoga, ni de tout quitter pour partir au loin, même si c’est une voie que j’ai envie d’explorer. Je ne suis pas obsédé par les objets derniers cris que je dois absolument posséder. J’explore le sentiment de cesser de me comparer au statut ou aux succès des gens. Ce qui compte ce n’est pas nos avoirs, mais bien comment on se comporte face à l’autre. Le yoga permet de perfectionner la souplesse d’accepter l’autre avec bienveillance et tel qu’il est.

Dans le train ce matin, je constate que, plus je suis assidue à ma pratique, plus je trouve les réponses à mes questions. Être une Ashtangi, c’est permettre à mes yeux de briller et me concentrer sur le beau et le vrai. Ce nouveau regard que je porte, créer l’abondance d’opportunité et je vais continuer à me retrouver sur mon tapis, jour après jour. J’en ai la conviction, le bonheur est dans le mouvement.